Ce que les poilus voulaient transmettre à la Nation
Cet article s’adresse aux anciens légionnaires, venus de nombreux pays mais unis par leur attachement à la France.
Beaucoup d’entre eux n’ont pas grandi dans la mémoire familiale de la Grande Guerre, c’est pourquoi il est important d’en comprendre le sens profond, tel que les anciens combattants français, les poilus, l’ont voulu.
Un jour de silence, pas de triomphe
Le 11 novembre 1918, à 11 heures, les armes se sont enfin tues.
L’Armistice mettait fin à plus de quatre années d’une guerre terrible. Les tranchées, la boue, le froid, les gaz et les obus avaient marqué à jamais une génération entière.
Près de 1,4 million de soldats français avaient donné leur vie pour défendre la patrie.
Pourtant, lorsque la paix revint, les anciens combattants ne voulurent pas célébrer une victoire éclatante.
Ils demandèrent au contraire que cette date soit consacrée au souvenir :
un temps de recueillement, non de défilé ;
un silence national, non une marche triomphale.
“Ce que nous voulons, c’est qu’on se souvienne de nos camarades morts, pas qu’on fête la guerre.”
Témoignage d’un poilu, 1919
L’esprit des poilus : honorer, pas glorifier
Les poilus savaient que la paix ne serait durable que si l’on se souvenait du prix qu’elle avait coûté.
Ils souhaitaient que chaque 11 novembre, la France s’incline devant le courage de ceux qui étaient tombés, et remercie ceux qui avaient tenu bon dans l’enfer des tranchées.
Ainsi naquit l’idée d’une journée d’unité nationale, où tout le peuple, des élus aux enfants, rend hommage à ses soldats.
Pas pour exalter la force, mais pour honorer la fidélité et le sacrifice.
la première commémoration (1920)
La première cérémonie du 11 novembre a lieu en 1920, deux ans après l’Armistice.
Le Parlement français décide d’en faire une journée officielle du souvenir, et d’inhumer un soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe, à Paris.
Ce soldat, choisi parmi les morts non identifiés du front, représente tous les héros anonymes.
Trois ans plus tard, en 1923, le journaliste Gabriel Boissy propose d’allumer une flamme du souvenir au-dessus de la tombe.
Depuis ce jour, la flamme ne s’est jamais éteinte : chaque soir, elle est ravivée par des associations d’anciens combattants, dans un geste simple et solennel.
Le sens du rituel : mémoire et unité
Chaque année, le 11 novembre, la France entière se rassemble.
Dans chaque commune, devant le monument aux morts, la cérémonie suit un rituel immuable :
• lecture du message officiel du maire.
• minute de silence à 11 heures.
• dépôt de gerbes de fleurs.
• Marseillaise .
• et enfin, recueillement collectif.
Il n’y a pas de défilé militaire : c’est un moment de fraternité, partagé entre les générations et les origines.
Les maires, les anciens combattants, les légionnaires, les élèves et les citoyens se tiennent côte à côte, devant le monument aux morts, pour honorer le courage et la paix.
Les monuments aux morts
Entre 1920 et 1925, plus de 36 000 monuments aux morts furent érigés en France.
Presque chaque village en possède un.
On y trouve gravés les noms de ceux qui sont “morts pour la France”.
Ces monuments ne célèbrent pas la guerre : ils témoignent de l’absence, du deuil collectif et du souvenir vivant.
Les cérémonies du 11 novembre s’y tiennent encore aujourd’hui, comme un lien entre le passé et le présent.
Pour ceux qui ont choisi la France
Pour les anciens légionnaires, le 11 novembre a une résonance particulière.
Beaucoup ne sont pas nés sur le sol français, mais ont choisi la France et son drapeau, parfois au prix de leur sang.
La Légion étrangère et la Grande Guerre
Plus de 40 000 légionnaires ont combattu sous le drapeau français entre 1914 et 1918.
Venus de plus de 50 nations, ils se sont illustrés sur tous les fronts : Artois, Champagne, Verdun, la Somme…
Leur courage a marqué les esprits, et beaucoup reposent aujourd’hui dans les nécropoles militaires de France.
Leur engagement symbolise la devise légionnaire :
“Honneur et Fidélité.”
En cela, ils partagent le destin des poilus: servir la patrie d'adoption avec courage et fidélité, quelles que soient leurs origines.
Participer à la commémoration, c’est entrer dans la mémoire vivante du pays, aux côtés de ceux qui ont combattu avant nous et ceux qui nous ont adopté.
C’est dire, en silence : “Nous nous souvenons. Nous continuons avec vous.”
Un héritage de paix et de fraternité
Le 11 novembre n’est donc pas une fête de la victoire, mais un rappel du prix du courage, de la paix et de la solidarité.
C’est le jour où la France se souvient de ceux qui, par devoir, ont tenu tête à l’horreur.
C’est aussi une invitation à protéger la paix et la fraternité entre les peuples, valeurs chères à la Légion étrangère.
“Souvenons-nous, pour ne jamais revivre cela.”
Chaque citoyen, chaque légionnaire, en participant à cette cérémonie, prolonge le serment des poilus : ne pas oublier, rester fidèle, servir la France avec honneur.